Il ne saurait y avoir de victoire, le désir, juste, jusqu’à l’engloutissement.

Présentation

Il a mené des opérations pour les renseignements français de Bamako à Genève, de Beyrouth à Tanger. Il a vu des régimes tomber, des peuples se relever, des hommes mourir. Aujourd’hui, Assem Graïeb est fatigué. La mission qu’il accepte est peut-être la dernière : retrouver un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. À Zurich, Assem croise Mariam, une archéologue irakienne qui tente de sauver des œuvres d’art dans la zone dévastée du Moyen-Orient. En une nuit, tous deux partagent bien plus que quelques heures d’amour.

En contrepoint de cette rencontre, le récit fait retentir le chant de trois héros glorieux : le général Grant écrasant les confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste. Mais quand une bataille se gagne au prix de vies fauchées, de corps suppliciés, de terres éventrées, comment prétendre qu’il s’agit d’une victoire ?

Extrait

Tout ce qui se dépose en nous, année après année, sans que l’on s’en aperçoive : des visages qu’on pensait oubliés, des sensations, des idées que l’on était sûr d’avoir fixées durablement, puis qui disparaissent, reviennent, disparaissent à nouveau, signe qu’au-delà de la conscience quelque chose vit en nous qui nous échappe mais nous transforme, tout ce qui bouge là avance obscurément, année après année, souterrainement, jusqu’à remonter un jour et nous saisir d’effroi presque, parce qu’il devient évident que le temps a passé et qu’on ne sait pas s’il sera possible de vivre avec tous ces mots, toutes ces scènes vécues, éprouvées, qui finissent par vous charger comme on le dirait d’un navire. Peut-être est-ce cela que l’on nomme sagesse : cet amas de tout, ciel d’Afrique, serments d’enfants, courses poursuites dans la Médina de Tanger, visage de Shaveen, la combattante kurde aux lourdes tresses noires, tout, les noms utilisés, les rendez-vous pris, les hommes abattus et ceux protégés, je ne peux pas, moi, sagesse de quoi, cet amas vivant ne me sert pas à être plus clairvoyant, il ne me pèse pas non plus, non, c’est autre chose : il m’aspire. Je sens de plus en plus souvent mon esprit invité à explorer ce pays intérieur.

Mise en scène

2018 : Écoutez nos défaites END : Création au Théâtre Prospero à Montréal. Mise en scène de Roland Auzet, avec Gabriel Arcand et Thibault Vinçon.